Au lendemain de notre participation au Festival Zéro-Déchets et des belles rencontres que nous y avons faites et dans le contexte de vif débat sur la réduction du plastique, il nous fait plaisir de partager notre Étude de caractérisation des outils et des modes de collecte hors foyer sur plusieurs artères et parcs à Montréal que nous pouvons désormais diffuser.
Dans le contexte de développement d’un nouveau Plan directeur de gestion des matières résiduelles (GMR), la Ville de Montréal souhaitait avoir quelques éléments d’éclairage des enjeux et des réalités actuelles concernant la performance du recyclage et plus largement la dimension hors foyer de la gestion des matières résiduelles. Dans ce rapport, nous apportons certaines lumières sur ces enjeux avec un regard quelque peu différent des études précédentes ayant pu être réalisées : (1) en privilégiant un décompte par items plutôt que par poids, (2) en intégrant les déchets sauvages dans la réflexion et en les analysant en même temps que les matières résiduelles présentes dans les poubelles et bacs de recyclage hors foyer et (3) en apportant un ensemble de constats et recommandations tirées du regard des valoristes qui passent de long moments à sillonner les espaces publics et équipements de GMR de Montréal.
- Faits saillants de l’étude (pdf / 3 pages)
- Rapport complet de l’étude (pdf / 56 pages)
Notre étude a caractérisé au total, sur 7 tronçons d’artères et dans 2 parcs, fin mai-début juin 2016 : 9913 articles à terre comme déchet sauvage, 3468 articles dans les poubelles et 1957 articles dans le recyclage.
Globalement, beaucoup de déchets sauvages (près de 10 000 caractérisés) et une performance en termes de recyclage limitée (30,5% d’items recyclables dans les poubelles et seulement 41% d’items potentiellement recyclables dans les bacs).
Concernant la nature des matières résiduelles hors foyer caractérisées, le principal constat de notre portrait est que plus des trois quarts de ces matières nous semblent spécifiques au hors foyer dont près des 4/5 en lien avec la restauration rapide – à emporter, au regard des constats suivants :
- Le tiers des articles caractérisés des bacs et le quart des poubelles sont des gobelets/tasses (dont couvercles et pailles) ; corps creux qui remplissent rapidement les équipements.
- Beaucoup de contenants de boisson, autres corps creux, dans le bac de recyclage (21,4%), moindrement dans les poubelles (13,5%), plus significativement à terre comme déchets sauvages (presque 1 article sur 6 à terre). Les contenants non consignés notamment les bouteilles d’eau sont significativement plus présents dans les matières résiduelles caractérisées que les contenants consignés.
- Un grand nombre d’emballages alimentaires (un tiers de tous les articles des déchets sauvages) et de sacs notamment en papier de type restauration rapide ont été caractérisés.
- Des milliers de serviettes en papier, problématiques lorsque dispersées à terre par le vent.
- Une déconnexion entre les matières résiduelles caractérisées et les éléments d’information et de signalétique sur les équipements de GMR et un mélange général des matières potentiellement recyclables et non recyclables autant dans les bacs de recyclage, dans les poubelles qu’à terre.
Au regard de ces constats généraux et des autres constats du rapport, il nous semble particulièrement urgent :
- d’avoir une meilleure évaluation de la performance et des coûts de la gestion des matières résiduelles hors foyer intégrant recyclage, propreté publique et lutte aux déchets sauvages ;
- de tenir compte du travail des valoristes (récupérateurs informels) qui ont une contribution importante dans l’efficacité du système de consigne et qui détournent des milliers de contenants consignés de l’enfouissement ;
- d’établir des mécanismes de réduction à la source des contenants et emballages alimentaires issus de la restauration rapide – à emporter ;
- de moderniser et d’élargir la consigne en ciblant en priorité sur les contenants de boissons consommés hors foyer que sont les bouteilles d’eau, jus, thés et autres boissons énergétiques et énergisantes actuellement non consignés.
Bonne lecture à tous.